Isabelle ANTOINE est haute fonctionnaire en charge de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, et de la lutte contre les discriminations. Elle est aussi une ancienne présidente de l'association HEC Au Féminin et du groupe Femme ENA. 
 
•Quelle évolution vous a le plus frappée depuis votre début de carrière ?
En matière d'égalité entre les femmes et les hommes, la principale  évolution est la prise de conscience : si les inégalités restent solidement enracinées, au moins est-il devenu possible d'en parler.

Ce que j'imagine pour 2026 ? Lorsque je me suis engagée pour l'égalité, c'était avec l'objectif que les discriminations soient éradiquées lorsque mes filleules arriveraient sur le marché du travail. Je me dis qu'en 2026 ce sera au moins le cas pour leurs propres filles...

•De quelle entreprise ou de quel premier poste rêviez-vous . Et celui/celle où vous aimeriez finir votre carrière ?
Je rêvais d'être au service de l'intérêt général, de mettre les compétences acquises à HEC au service de mon métier de fonctionnaire. De fait, j'ai passé quatre belles années dans mon premier poste, où j'ai eu notamment la chance de participer à la négociation d'une convention de l'OIT.

J'aimerais finir ma carrière en dirigeant un établissement public, toujours pour utiliser au mieux mes compétences de "chauve-souris", entre la gestion des entreprises et le service public.


•Au cours de votre carrière, quel élément marquant a pu concourir à conforter votre place dans l'entreprise (une phrase, une attitude,...) ?
Une remarque de mon assistante, alors que je venais de prendre mes fonctions dans l'équipe de direction d'une grande école d'ingénieurs. 
Elle m'a dit : "je savais bien que si tout le comité de direction était unanime sur votre candidature, c'est qu'il allait se passer quelque chose d'extraordinaire". Cela m'a galvanisée !


 •Une phrase qui a pu vous choquer en tant que femme (ou concernant les femmes) dans l'entreprise ?
L'accueil de mon premier employeur, préfet des Ardennes, alors que j'étais jeune fonctionnaire-stagiaire : "Bonjour Mademoiselle. Je vous invite à rentrer chez vous et à refaire votre dissertation de culture générale du concours, sur cette citation que j'attribuerai à Regnard : "Défions nous comme de la peste de la gent porte-jupon. Au revoir, Mademoiselle". J'ai remercié le préfet en lui disant que c'était la plus belle citation de mon grand sottisier de la misogynie. Je l'ai payé cher.


•Une femme inspirante ou marquante ?
Simone Veil